Le « pacte de responsabilité » annoncé par
Manuel Valls devrait s’accompagner, pour équilibrer les 15 milliards
d’euros supplémentaires de cadeaux au patronat d’un « pacte de
solidarité » de 5 milliards en faveur des salariés.
La disproportion est déjà manifeste car, si
l’on ajoute les 20 milliards d’euros annuels de cadeaux au patronat,
sans la moindre contrepartie en termes d’emplois, c’est 35 milliards
d’euros que percevra le patronat. 5 milliards d’euros, cela ferait 7
fois moins.
Mais surtout, ce qui est accorde de la main
gauche, est retire de la main droite. Il s’agit d’un simple tour de
passe-passe. Le patronat n’aura pas à financer quoi que ce soit, ce sont
les salariés qui financeront l’augmentation de leur salaire net en
voyant diminuer leur salaire indirect, les cotisations sociales.
Quel sera le résultat de ce tour de bonneteau ?
Soit le manque à gagner pour la Sécurité
sociale sera financé par les impôts. Mais cela ne pourra être que les
impôts des salariés puisqu’il a été annoncé la diminution des impôts
payés par le patronat : l’impôt sur les sociétés passerait de 37 % à 28 %
des bénéfices, la C3S disparaitrait et de nombreuses taxes payées par
le patronat seraient supprimées. Comme l’écrivait Alphonse Allais « Il
ne faut faire aux microbes aucune peine, même légère ». Mais dans ce
cas, qui paiera les augmentations d’impôts nécessaires si ce n’est les
salariés ?
Soit le manque à gagner de la Sécu ne sera
pas financé par les impôts. Dans ce cas, il n’y aura plus que deux
possibilités. Ou les salariés devront renoncer à se soigner alors que
plus de 30 % de notre pays ont déjà dû renoncer à se soigner en 2013
parce qu’ils n’en avaient pas les moyens. Ou les remboursements seront
faits par les mutuelles ou les assurances complémentaires mais dans ce
cas, les salariés verront leurs cotisations augmenter.
Ce qui a été donné d’une main sera repris de l’autre, en fragilisant encore plus, au passage, la Sécurité sociale.
Cette proposition n’a été débattue nulle
part. Aucune motion, aucun texte du PS, aucune assemblée de militants ni
d’élus, de députés ne l’a envisagée.
Pour la bonne raison que cette proposition
est dans le programme de Marine le Pen depuis des années et que nous
avons publié des dizaines d’articles, des brochures, des livres pour la
dénoncer. Toute la gauche l’a dénoncé, le parti socialiste le premier.
C’est une proposition qui s’attaque à un
élément symbolique central du « pacte social français » comme on dit,
c’est à dire de ce qui est issu du programme du Conseil national de la
résistance. Il s’agit de casser ce salaire mutualisé collecté et
redistribué à chacun selon ses besoins, en cas de maladie, de chômage,
de famille nombreuse, de besoin de logement, d ‘accident du travail ou
de retraite.